Après une saison presque blanche à Lille, le grand Momo Bayo est en train de retrouver des sensations et le sourire du côté du Havre, où il a été prêté un an sans option d’achat. Le n°9 du HAC, bluffant 8e de Ligue 1, évoque avec plein de sagesse ses mésaventures et plein d’ambition la saison des Ciel et Marine, dans une longue interview accordée à So-Foot, dont voici un résumé :

 

Comment fait-on pour s’intégrer dans un club dans lequel on sait qu’on ne passera qu’une saison ?

C’est facile de s’intégrer, même pour rester un an. Les mecs m’ont vite mis à l’aise. Dès le premier jour, je me sentais bien. Au-delà de ça, je savais du HAC que le groupe était jeune, et je connaissais un peu Yoann Salmier et Oualid El Hajjam.

 

Tu pourrais envisager de rester au HAC la saison prochaine ?

Le problème, c’est que ça ne dépend pas de moi, mais du LOSC. En vrai, je ne sais pas ce qu’il va se passer. C’est trop difficile de se projeter, il peut se passer plein de choses.

 

Ça ne fait pas mal à l’égo de quitter un club européen pour un promu ?

Dans le foot, si tu as trop d’égo, tu ne peux pas réussir. Parfois, il faut accepter l’échec. Le foot, c’est un sport où tu fais des erreurs, et pas que sur le terrain. Ça arrive de se tromper lors d’un transfert, et de rebondir ailleurs dans la foulée. Le foot n’est pas une science exacte. Il faut toujours se remettre en question. Le Havre, c’était une opportunité de me relancer. Et la façon dont Mathieu Bodmer et le coach m’en ont parlé fait que je me suis dit que je pouvais même faire plus que me relancer au Havre. J’ai toujours pensé comme ça. Je n’ai jamais pris une équipe ou un club de haut.

Ce qui n’était plus le cas à Lille, où tu es arrivé comme transfert le plus cher du mercato d’été 2022-2023… (Lille avait déboursé 14 millions d’euros pour acheter Mohamed Bayo à Clermont.)

À Lille, j’étais vu comme un chèque. Alors qu’au Havre, je ne ressens pas ça.

 

Pourquoi ça n’a pas marché entre Lille et toi la saison dernière ? Le fait de débarquer dans une grande ville, et de ne plus vivre chez ta mère, ça peut expliquer en partie cette saison délicate ?

Changer d’endroit, quitter Clermont, ça n’a pas aidé, mais ce n’est pas que ça. Il peut y avoir beaucoup d’explications. Le LOSC avait un style de jeu avec lequel ça n’a pas marché pour moi, ça ne collait pas. Ensuite, il y a eu l’affaire extrasportive qui est entrée en compte. Quand ça ne marche pas sur le terrain et en dehors du terrain…

Cet été, Paulo Fonseca a dit de toi : « C’est facile : Mohamed Bayo ne fait pas partie de notre projet pour cette saison. » C’est aussi comme ça qu’il te l’a annoncé ?

À aucun moment je n’ai parlé avec lui. Bon, tu n’as pas besoin de discuter pour savoir qu’un coach ne veut pas de toi. Il te le fait comprendre clairement, dans ses choix à l’entraînement ou lors des matchs de préparation.

 

Tu t’attendais à un début de saison aussi réussi avec Le Havre ?

Quand je voyais les matchs, je me disais qu’ils faisaient des belles choses. Il y avait un truc, déjà en fin de saison dernière en Ligue 2. Il leur manquait un buteur. Tout le monde marquait un petit peu de buts, mais ils n’avaient pas un gars devant pour planter.