Conakry, le 21 janvier 2024

Le cinéma est un domaine complexe, un lieu de rencontre où les professionnels viennent partager leurs imaginaires par le biais de l’image, de la lumière et du son.
Un endroit où les cinéastes peuvent diffuser leurs œuvres et les mettre à la disposition du grand public.
Le septième art, en plus d’être un patrimoine aussi vaste que diversifié, à la malchance de n’être pas pris en compte par nos politiques, par nos gouvernements Africains, ceux pour qui les priorités sont ailleurs soit dans les mines, dans l’économie, dans le commerce que sais-je encore ?

Chaque génération consciente se doit d’apporter sa part de contribution à l’édifice de son pays, notamment, dans son domaine de prédilection. À ce titre, une bataille est engagée par les jeunes professionnels du cinéma guinéen qui veulent relever, à tout prix, le défi de la professionnalisation du septième art dans leur pays.

En Guinée, l’année 2023, s’est en allée laissant derrière elle, une panoplie de résultats, plus ou moins, convaincants que ce soit sur le plan politique, économique ou socio-culturel.

Néanmoins, la Culture, dans sa globalité et dans ce répertoire de résultats plus ou moins aboutis, a su s’en sortir tant bien que mal à en juger par l’organisation de nombreux évènements artistiques et culturels.
La fin d’année 2023 a été comparable aux « dimanches à Bamako », jour des mariages et des baptêmes, comme le célèbre, la chanson d’Amadou et de Mariam.

Une fin d’année sans précédent, celle des concerts de musique, de théâtre, de l’art, de la culture et surtout du cinéma. Une fin d’année agitée pour les artistes, les organisateurs, les spectateurs, la consécration des artistes qui se sont distingués de par leurs talents et créativités au cours de l’année 2023.

Pour parler spécifiquement de cinéma qui est notre domaine de prédilection, l’organisation des festivals de cinéma était à l’honneur à Conakry. Pour citer les plus marquants : le festival les 7jrs du 7ème art dans sa cinquième édition (du 09 au 16 décembre 2023), le festival film espoir de Guinée FIF (21 au 23 septembre 2023) dans sa première édition et le festival international Ciné’ Nomade (du 1er au 12 décembre 2023) dans sa deuxième édition.

2023 fut très cinématographique, riche en échanges, en réflexions, en analyses entre les professionnels de cinéma avec à la clé des thématiques sur l’état actuel du cinéma guinéen, sur comment trouver les financements et quel avenir pour le septième art guinéen.

Dans ce lot de festivals de cinéma, nous nous sommes intéressés spécifiquement aux « 7jrs du 7ème art ».
Le jour de son lancement dans la grande salle du Centre Culturel Franco Guinéen (CCFG), Thierno Souleymane Diallo l’auteur du film « Au Cimetière de la Pellicule », qualifiait le cinéma guinéen de « cinéma sans chaussures’’ ; une citation qui peut s’appliquer au festival les 7jrs du 7ème art, un évènement à l’image de son fondateur Amadou Oury Bah, administrateur, gestionnaire des institutions culturelles.
Dans son parcours de combattant de Directeur Général des 7jrs, est un jeune promoteur soutenu dans ses ambitions par une jeune équipe motivée composée de quelques membres de sa famille : cousins, cousines, amis d’université, sympathisants sans oublier le soutien des professionnels du cinéma guinéen et d’ailleurs.

Malgré le contexte difficile, Amadou Oury Bah et son équipe croient à la résurrection du cinéma guinéen, sous oxygène, depuis des lustres. Mais, la question qu’il faille se poser est de savoir si leur ambition, leur sacrifice, leur courage et leur détermination, depuis cinq années, suffiront pour que leur festival puisse résister aux difficultés caractérisées par le manque de financement, le manque de subvention et l’inexistence d’un cadre juridique dans une Guinée où nulle part on n’évoque l’aide véritable au 7ème art. Les programmes politiques du pays n’accordent aucune place au Cinéma.
Les bailleurs au développement brillent par leur absence dans le domaine qui, pourtant, passionne beaucoup de jeunes de talents.

De quelque manière que ce soit, les 7jrs du 7ème art, apporte sa contribution à l’édifice cinématographique du pays mais à quel prix ?
Au prix de la détermination des poches et l’énergie de son Directeur Général et de ceux qui croient à son projet. Selon quelques observations, pour que ce festival puisse atteindre de façon pratique et élogieuse ses objectifs, son équipe d’organisation devrait changer son fusil d’épaule, en rendant cet évènement bisannuel ; une manière d’attirer beaucoup plus de soutiens, de bailleurs, de mécènes à travers un bon plan de communication médiatique.

Cinq ans est un bel âge, comme les cinq prières de la journée chez les musulmans, comme les cinq doigts de la main. Cinq belles années de réalisation, de manquements, d’espoir, de désespoir, de promesses. Ce sont des réalités qui aident un festival de cinéma à tenir la route, ou à disparaitre.

Les 7jrs se tiennent jusque-là, on l’a noté, grâce à la famille, les amis, les admirateurs de l’équipe d’organisation, des partenaires médias, les cotisations des membres. Mais, un festival dans un tel climat est souvent mis sous perfusion pour être régulièrement réanimé au risque d’être plongé dans un coma profond sans un possible réveil. Sachant que tout ce qui touche au cinéma se nomme industrie et qui parle d’industrie parlera forcement d’argent.

En effet, les festivals de cinéma sur le continent qui ont résisté au temps face aux manques de soutiens financiers adéquats sont ceux-là qui ont vu le jour dans les années 60- 70-80 tels ; les JCC (Journées Cinématographiques de Carthage, le FESPACO, les Écrans Noirs, ces festivals qui font partis, désormais, du patrimoine culturel Africain donc de leur pays d’organisation. On peut les qualifier, également, d’évènements légendaires ou encore des festivals des indépendances.
À l’époque, le cinéma était l’affaire de tout le monde et surtout des gouvernants qui comprenaient mieux ce que véhicule cet art.
Chaque créateur, chaque gouvernement avait pour mission, de soutenir les créations artistiques et culturelles de leurs populations et en particulier l’art cinématographique qui a pour objectif de fixer notre histoire d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

Le festival les 7jrs du 7ème art est un festival de résistance.

Le jour de son lancement, la salle du CCFG était certes à moitié remplie, mais, par du « beau monde » composé des professionnels et des cinéphiles.
Notons seulement que la cinquième édition des 7jrs s’est déroulée dans un climat de paix, d’échanges fructueux, dans un élan de solidarité, de convivialité entre professionnels du métier et le public.

Beaucoup de ceux qui étaient présents à ce rendez-vous ont salué le courage, l’engagement du concepteur des 7jrs et de toute son équipe qui se surpassent pour organiser chaque édition de ce festival.

Comme quoi, ce festival est certes sans chaussures mails il a tenu la route pendant Cinq belles années. Comme tout évènement, les 7jrs du 7ème art à chaque édition s’assigne pour mission de faire la promotion des créations (films) guinéennes, africaines, occidentales en offrant au public, cinéphiles et professionnels, une belle sélection digne d’être à l’affiche, avec des thématiques instructives.

Au bout du compte, pour cette cinquième édition, le festival « les 7jrs » a eu la chance de se faire accompagner par un pays de cinéma, les Etats-Unis, à travers son l’ambassade en Guinée.

Cette nation, emblématique de la création cinématographique, a, par son soutien, salué avec déférence, le travail et l’engagement d’Amadou Oury Bah et de son équipe.

La présence physique et le soutien affiché de l’ambassadeur des Etats-Unis est perçue comme une bouffée d’oxygène et un signe d’espoir que cet événement sera, finalement, accompagné comme il mérite. Donc, vivement les prochaines éditions des 7jours du 7ème art pour donner un souffle lui permettant d’exister. Car, un festival de cinéma ne peut exister et continuer sans les moyens financiers adéquats.
Le cinéma est une industrie, une grosse machine, un secteur pourvoyeur d’emplois et de richesses s’il est bien exploité, donc bien organisé.
Si ces apports financiers ne viennent pas, comment les 7jrs du 7ème art peuvent tenir encore ?
Cette question vaut son pesant d’or. Car, à n’en pas douter, l’espoir et le courage ne suffiront pas pour organiser un festival pendant 7 jours sur différents espaces de Conakry, de surcroit.

Une détermination sans faille.

Face aux milles soucis financiers, le Directeur Général du festival les 7jrs ne désarme pas pour autant et laisse entendre que chaque édition se fera avec ou sans l’aide des décideurs publics, des politiques pour la simple raison que seul le travail paye.

Le temps donne certes raison aux courageux mais, faire du cinéma c’est savoir trouver l’argent, rêver grand, donner le temps si nécessaire au temps, ce temps qui exige des consultations, l’expertise des personnes ressources en la matière pour pouvoir atteindre des résultats appréciés de tous.

L’espoir est permis.

Espérons que pour les prochaines éditions, le festival des 7jrs du 7ème art trouvera sur son chemin le financement et le soutien des mécènes, pour le bien du cinéma guinéen, et les œuvres cinématographiques d’ici et d’ailleurs, à faire découvrir.

Rendez-vous est pris pour la sixième édition avec, cette fois, beaucoup plus de soutiens et beaucoup d’activités, des échanges, des rencontres, des colloques avec à la clé la création du village du festival.

Merci de lire ci-dessous la sélection officielle du festival cinématographique « les 7jrs du 7ème art » dans sa 5ème édition 2023

*Catégorie : LONG-MÉTRAGE FICTION.

1- ´ Le Gang des antillais’´ un film de Jean-Claude Barny (France)

2- ‘’VICES’’ un film de FULBERT KONAN (Côte d’Ivoire)

3- ‘’Voyages en têtes étrangères’´ un film d’Antonio AMARAL (France).

*Catégorie : COURT-MÉTRAGE

1-´’A Qui la faute ? ‘´ un film de Ramatoulaye Bah (Guinée)
2- ´´La vache ´´ un film de Mamadou Samba DIALLO (Sénégal)
3-L’école dans mon village un film de Kaba Souaré (Guinée)
4- ‘’Indélébile ´´de C’est Francky TOHOUEGNON (Benin)
5- ‘’Mon Avis compte ´´ de Gnaissa Aboubacar (Guinée)
6- ‘’Au nom du Maître’’ un film de Sekouba Condé (Guinée)
7- ‘’Voyage De Nulle Part’´ un film Eric Marie Afer (Burkina & Belgique)
8- ‘’ILA KIKO ´´ un film de Abdoul Aziz Basse (Sénégal)
9- ‘’La RUSE ´´un film de Johanne Prégent (Canada).
10- ‘’L’envoyée de Dieu’’ un film d’Amina Abdoulaye (Niger)

*Catégorie : DOCUMENTAIRES

1- ‘’Le spectre de Boko Haram’’ un film de Cyrielle
Raingou (Cameroun)

2- ‘’OUI/NON’’ de Mahmoud JEMNI (Tunisie)

3- ‘’Courage en plus’’ un film de Billy Touré & Laurent Chevalier (Guinée)

*Catégorie : HORS COMPÉTITION :

1- ‘’Au Cimetière de la pellicule’’ un film de Thierno Souleymane Diallo (Guinée)

2- ‘’GLORY ROAR’’ (Les Chemins du triomphe) un film de James Gartner (USA)

Fatoumata Sagnane

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