Chère consœur, cher confrère, Le mois de mai est spécial dans le calendrier de tout journaliste, puisqu’il est marqué par une fête hautement symbolique qui dépasse de loin le seul cadre de la profession – la Journée mondiale de la liberté de la presse. Car, sans paraître mégalomane ou prétentieux, il faut constater que la liberté de la presse – et, plus généralement, celle de l’expression qui en découle – est la pierre angulaire d’une société libre et démocratique. En cette année qui marque le 30ème anniversaire de sa proclamation par l’Assemblée générale des Nations unies, la célébration de la Journée de la liberté de la presse pose plusieurs questions à la communauté médiatique internationale, car de nombreux pays enregistrent un net recul des libertés dans l’expression journalistique, accompagné d’un renforcement de contrôle sur l’expression de la part des Etats, des gouvernements, voire des groupes privés. Ainsi, qualifiée de « clé de voute des droits humains » par l’UNESCO, la liberté d’expression se retrouve en recul dans la plupart des pays, sans distinction de zone géographique et/ou du contexte socio-politique. Comme le montre le classement mondial de la liberté de la presse établi chaque année par RSF, qui scrute 180 pays et territoires, la situation est qualifiée de « très grave » dans 31 pays, « difficile » dans 42 pays et « problématique » dans 55 pays. C’est seulement dans 52 pays du monde que la situation avec la liberté de la presse peut être qualifiée de « bonne » ou « plutôt bonne ». Nos collègues arrivent ainsi à la conclusion que les journalistes exercent leur métier dans des mauvaises conditions dans 7 pays sur 10. Les régressions particulièrement préoccupantes sont à déplorer en zone francophone, en Afrique notamment, mais aussi dans les pays avec une tradition des médias francophones particulièrement forte comme le Liban affecté d’une double crise profonde, à la fois économique et politique. Un constat plus que désolant qui se trouve confirmé au jour le jour par des nouvelles qui nous parviennent de nos collègues de par le monde avec une régularité préoccupante. La dernière en termes de calendrier – l’interpellation de notre collègue Ésaü César, président de l’UPF Haïti, le 3 mai 2023, qui a été, fort heureusement, relâché le jour même. Dans ce contexte, il est plus important que jamais de rester fidèles aux fondamentaux de la profession, mais aussi rester unis afin de résister ensemble aux grandes tendances dévastatrices. Les membres de l’UPF sont dans les premiers rangs de ceux qui luttent pour la liberté d’exercice du métier. Ainsi, le vice-président de l’UPF internationale pour l’Afrique de l’Ouest et le président de la section sénégalaise de l’UPF Abdoulaye Thiam est parmi les initiateurs et cosignataires d’une lettre ouverte dans laquelle trente médias et organisations professionnelles de journalistes dénoncent la très forte dégradation de la liberté de la presse au Burkina Faso et au Mali – deux pays dans lesquels l’UPF dispose des sections historiquement établies. Un autre combat est mené par Hanène Zbiss, présidente de la section tunisienne de l’UPF, qui dénonce activement la dégradation importante (un recul de 27 places !) de la liberté de la presse dans son pays. Les exemples de la lutte sont nombreux, et les obstacles à surmonter ne manquent pas… Oui, la presse doit rester libre, et les journalistes doivent exercer leur métier dans la plus grande sécurité – ce sont des axiomes à ne pas être mises en cause par aucune force politique ou sociale. Ensemble, continuons à défendre et promouvoir la liberté de la presse dans l’espace francophone ! Confraternellement.

Par  Zara Nazarian
Secrétaire générale internationale