Entretien avec Docteur Youssouf Fofana, médecin spécialiste en gérontologie clinique en France
1- Docteur Bonjour. Qui êtes-Vous ?
Bonjour cher ami, merci pour votre invitation à cet entretien.
Je suis le Docteur Youssouf Fofana, médecin spécialiste en gérontologie clinique. J’ai 46 ans, né à Siguiri, en Guinée et père de 3 enfants. Je vis en France depuis 22 ans, installé tout d’abord à Nantes, Pays de la Loire, Grand Ouest, et depuis 2011 à Metz, Lorraine, Grand Est.
2- Merci Docteur, vous êtes aussi un homme politique mais aujourd’hui, discutons de la santé, voulez-vous ?
Je suis en effet un homme politique, chargé des Relations Internationales au sein du mouvement politique DRG (Diversité Républicaine de Guinée), dont le Président est M. Souleymane Conde.
J’étais auparavant activiste au sein du FNDC (Front National pour la Défense de la Constitution), en tant que coordinateur général du FNDC Grand Est. Ce mouvement citoyen s’est battu contre le 3ème mandat du Président Professeur Alfa Conde.
Mais parlons aujourd’hui de la santé, domaine qui me passionne depuis mon plus jeune âge.
3- Parlez-nous de votre parcours scolaire, c’est à dire, où avez-vous commencé vos premières classes jusqu’au bac !
Tout d’abord élève à l’école primaire Louis Dupuis, puis au Collège Kankou Moussa à Siguiri.
Après l’obtention de mon brevet, j’ai poursuivi mes études dans la Capitale, Conakry, au lycée Yimbaya, option Sciences Expérimentales.
Une fois le baccalauréat 2ème partie « en poche » (à cette époque, deux bacs étaient à valider, le premier en 12ème année, le second, en terminale), j’ai passé le concours d’admission dans les institutions supérieures et l’université, et intégré la Faculté de Médecine et Odontostomatologie, option Médecine.
4- Comment vous vous êtes retrouvé en France ?
Après les 6 années d’études médicales en Guinée, je suis parti en France au CHU de Nantes pour y effectuer une spécialisation en maladies infectieuses et tropicales, au sein du service du Professeur François Raffi, où j’ai élaboré une thèse de Doctorat sur le thème : « Prise en charge psycho-sociale et thérapeutique de l’infection à VIH »
5- Qu’en est-il de vos études universitaires ? Avez-vous eu des peines, des obstacles, expliquez nous un peu !
Il n’est jamais facile de quitter les siens et son pays d’origine… Le peu de connaissances sur place, le froid, les difficultés à trouver un logement… mais comme disait un penseur sociologue : la vie n’appartient ni aux plus forts, ni aux plus intelligents, mais à ceux qui n’abandonnent jamais !
Je me suis adapté, peu à peu j’ai tissé des liens avec des étudiants de toutes origines qui sont devenus des amis, avec des personnalités associatives, telles que le Président de AIDS à Nantes, et des personnalités politiques, notamment M. Jean-Marc Ayrault, Maire de Nantes et Député, puis plus tard 1er Ministre.
6- Aujourd’hui vous êtes médecin en France. Dans quoi vous exercez et combien de temps vous faites ce travail en Tant que spécialiste ?
J’ai tout d’abord exercé dans le service des maladies infectieuses au CHU de Nantes.
Depuis 2009, je suis spécialiste en Gérontologie Clinique, médecin gériatre et actuellement Chef de Pôle au Centre Hospitalier de Saint-Avold (courts séjours gériatriques, USLD, SSR, HDJ : onco-gériatrie, mémoire, chutes, et bientôt HDJ : insuffisance cardiaque chez les personnes âgées).
7- Il est remarqué que vous partez souvent dans votre pays d’origine la Guinée, vous vous y rendez pour des visites ou vous êtes porteur d’un projet ?
Comme je vous l’ai dit plus haut, j’étais coordinateur général du FNDC Grand Est contre le 3ème mandat du Président Professeur Alpha Conde. En raison de ces activités d’activiste, je n’ai pas pu retourner en Guinée pendant la dernière partie de la Présidence.
J’ai continué en revanche à collaborer pendant toute cette période avec mes collègues médecins en Guinée et à donner des cours à distance aux étudiants.
J’ai également participé à des actions humanitaires au profit de la population guinéenne, surtout pendant la pandémie COVID19.
Lors du changement de régime politique le 5 septembre 2021, j’ai pu à nouveau entrer en Guinée pour non seulement rendre visite à ma famille et mes amis, mais également mettre en place des projets de développement tant sur le plan sanitaire qu’humanitaire, et aussi développer la filière gériatrique en Guinée. C’est pourquoi je suis en contact avec l’ONG « ASPAG » Assistance aux Personnes Agées, dont je suis le Président d’honneur, qui organisera le 1er octobre prochain, la journée mondiale des personnes âgées à Bentourayah, dans la préfecture de Coyah, sur le thème : Sensibilisation, dépistage et prise en charge initiale de l’hypertension artérielle et du diabète chez les personnes âgées ».
En tant que politique aussi, j’ai pris des contacts auprès de la population et de la classe politique, pour le compte de notre mouvement, la DRG.
8- Rien ne vous y oblige, mais Pourquoi ce sentiment de patriotisme vous anime tant ?
Pour moi, tout Guinéen doit avoir un devoir moral pour son pays. Je pense sincèrement que la Guinée sera ce que les Guinéens voudront qu’elle soit.
9- Il vous arrive d’avoir des jours ordinaires loin du travail, racontez-nous un peu ce que vous faites.
Comme je vous l’ai indiqué, je suis père de famille, et je consacre une grande partie de mon temps libre à mes enfants.
Mais je suis également Vice-Président de l’Association des Guinéens et Amis de la Guinée à Metz, dont l’objectif est de faciliter l’intégration des Guinéens, et surtout des étudiants guinéens, dans toutes leurs démarches.
Je suis aussi Trésorier de l’ONG CEM Children Éducation Matters (l’Éducation des Enfants Compte), avec laquelle nous parrainons l’éducation des enfants, notamment des jeunes filles, dans les écoles en Guinée,
avec réhabilitation des écoles, voire leur construction.
10- Avez-vous eu un sentiment d’impuissance dans l’exercice de votre métier ? Si oui, expliquez-nous un peu…
Globalement tout se passe bien, avec les collègues, les patients, la Direction de l’hôpital, mais malheureusement avec la pandémie COVID19, le système sanitaire français s’est dégradé, avec la démission de nombreux soignants, ce qui crée des problèmes de prise en charge par manque de personnel.
11- votre conseil pour que le système de santé de votre pays d’origine s’améliore avec un si peu de moyens, et quel appel pouvez-vous faire aux autorités ?
Je pense que les Autorités guinéennes doivent inscrire la santé comme une priorité à leur programme. Il y a certes peu de moyens en Guinée, mais le personnel est dévoué et compétent. Les Guinéens méritent des personnes au Ministère qui connaissent et comprennent les problèmes globaux de santé. Les Autorités devraient également faire appel aux compétences guinéennes à l’étranger.
Merci docteur
Merci encore de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer sur ces sujets essentiels.
Source : Les Editions Djenaba