Amanda Gorman est devenue, à 22 ans et dix mois, la plus jeune poétesse intervenant lors d’une cérémonie d’ouverture ce mercredi. La jeune carrière de cette femme de lettres venue de Los Angeles est déjà jalonnée de succès.
Il s’en faut d’un mois et demi pour qu’elle fête ses 23 ans. Amanda Gorman – née en 1998 à Los Angeles, élevée, aux côtés de sa jumelle Gabrielle par une mère célibataire, professeur d’anglais – est devenue ce mercredi la plus jeune poétesse inaugurale de l’histoire américaine en récitant l’une de ses oeuvres après le premier discours présidentiel de Joe Biden sur les marches du Capitole. L’”inaugural poet” désigne le poète déclamant l’un de ses textes à la tribune lors d’une cérémonie d’investiture.

Le Capitole au coeur de son poème
Choisie par Jill Biden, qui avait entendu l’une de ses lectures, et contactée par l’équipe du 46e président des Etats-Unis à la fin du mois de décembre, Amanda Gorman s’inscrit dans une lignée qui n’est pas pour autant une tradition. Avant elle, seuls cinq poètes avaient scandé leurs vers lors de l’investiture: Robert Frost pour John F. Kennedy, Maya Angelou et Miller Williams pour Bill Clinton et enfin Elizabeth Alexander et Richard Blanco pour Barack Obama.

La femme de lettres afro-américaine de 22 ans inscrit son jeune travail dans les problèmes de l’époque, comme le racisme, l’accueil des migrants ou le sexisme. Le New York Times a signalé qu’elle avait écrit une moitié de son poème destiné à la cérémonie lorsque le 6 janvier, elle a vu à l’écran les manifestants envahir le Congrès. Ballotée par les événements toute la nuit, elle a achevé son poème à la lumière sombre de ces événements.

Percer “l’ombre sans fin”
Son poème, intitulé The Hill We Climb (La colline que nous gravissons, en français en référence à la colline du Capitole), s’ouvre ainsi:

“Nous avons vu une force qui préférerait démolir la démocratie que la partager, qui détruirait notre pays si cette destruction permettait de retarder la démocratie, et la tentative est passée tout près de réussir. Mais si on peut retarder de temps à autres la démocratie, on ne peut la vaincre toujours. Car si nous posons notre regard sur l’avenir, l’Histoire a le sien sur nous”.
Devant Joe Biden, Kamala Harris, les quelques invités et représentants des institutions présents lors de l’intronisation, et les millions de télespectateurs, elle a également proclamé:

“Où trouver la lumière dans cette ombre sans fin? Et pourtant, l’aube est devant nous avant même que nous le sachions. Nous y parvenons comme on peut. Comme nous avons pu, nous avons surmonté et observé une nation qui est, non pas brisée, mais inachevée”.
Afin d’écrire son texte, qui paraîtra avec d’autres en septembre à l’occasion de la publication de son premier recueil, Amanda Gorman s’est plongée dans les discours d’Abraham Lincoln et de Martin Luther King, et a conversé avec Richard Blanco et Elizabeth Alexander. Par ailleurs, l’animatrice Oprah Winfrey, a noté ici Buzzfeed, lui a par ailleurs offert les boucles d’oreille et une bague à l’effigie d’un oiseau en cage, en hommage à la poétesse inaugurale de Bill Clinton en 1993, Maya Angelou, morte en 2014, et écrivaine de I Know Why the Caged Bird Sings.

Honneurs et sponsoring
Cette cérémonie n’est pas le premier honneur récolté par Amanda Gorman. Âgée de 16 ans seulement, en 2014, elle s’est d’abord vu attribuer le titre de “poétesse lauréate junior de la ville de Los Angeles”. Trois ans plus tard, elle décrochait le même titre mais cette fois au plan national. Elle en était d’ailleurs la première récipiendaire.

Sa trajectoire estudiantine l’a amenée d’un établissement privée à une admission au département de sociologie de Harvard. Elle y était d’ailleurs élève au moment où on l’a consacrée “poétesse lauréate pour la jeunesse” du pays. Ce titre lui a en tout cas valu une notoriété indéniable puisque en février dernier, elle a écrit un texte de commande à l’occasion du “Black History Month” à la demande de… Nike.

Un partenariat étonnant dans le monde de la poésie qui n’a pas découragé