La Maison de la presse, association regroupant des organes de presse du Niger, condamne l’emprisonnement de Samira Sabou, journaliste-blogueuse nigérienne, accusée de diffamation dans ses publications sur l’affaire des surfacturations lors d’achats d’équipements militaires pour l’armée.

La Maison de la presse, qui regroupe 30 associations de médias nigériens a fait part de son « indignation » et assuré « condamner la détention de Samira Sabou », dans un communiqué. « Sans juger du fond de l’affaire, aucun journaliste poursuivi pour des faits relevant sans ambiguïté de son activité professionnelle ne devrait se retrouver privé de sa liberté », a quant à lui dénoncé Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. « Cette arrestation constitue un recul très dangereux et vide de sa substance la loi sur la presse de 2010 dont l’interdiction des détentions préventives pour les journalistes avait constitué une avancée majeure ».

« Nous demandons instamment aux autorités nigériennes de ne pas saper les efforts engagés ces dernières années en matière de liberté de la presse. Cette journaliste doit être libérée », conclut-il. Samira Sabou a été placée sous mandat de dépôt le 10 juin après une plainte pour « diffamation déposée par le fils et directeur de cabinet adjoint du président Mahamadou Issoufou (Sani Mahamadou Issoufou est le directeur du cabinet adjoint du président.

Une source proche du plaignant a « confirmé » à l’AFP la plainte motivée par « les accusations » portées par la journaliste dans un post sur facebook.

Ce post du 26 mai, encore visible, accuse un homme d’affaires ami du fils du président de « capter les marchés du ministère de la Défense au nom du fils du patron. » L’affaire des surfacturations fait grand bruit au Niger après la diffusion sur les réseaux sociaux d’extraits d’un rapport d’audit sur ces irrégularités. D’après ces extraits, ces malversations portent sur des centaines de millions d’euros.

La justice avait annoncé le 8 avril ouvrir une enquête sur l’affaire qui a éclaté en février. Fin février, le gouvernement avait annoncé qu’un audit demandé par le président Issoufou avait révélé des surfacturations ainsi que des livraisons non effectuées à l’armée, qui combat depuis 2015 les jihadistes dans le sud-est et l’ouest du pays.

Le scandale a d’autant plus choqué l’opinion qu’entre décembre 2019 et janvier 2020, près de 200 soldats nigériens ont été tués dans des attaques jihadistes. Le 15 mars, de violents heurts avaient opposé les forces de l’ordre et des manifestants demandant des sanctions dans ce scandale. Au moins trois figures de la société civile sont encore incarcérées.

Source : AFP